« Egoïste, tu ne penses qu’à toi ! Et les autres alors ?, sois généreux, je pense aux autres avant de penser à moi, si mes enfants vont bien, je vais bien, l’égoïsme est le poison de l’amitié, aide ton prochain », … Telles sont les remarques que l’on peut entendre lorsque l’on prononce le mot « égoïste ». Dans les inconscients collectifs, ce mot a plutôt une connotation négative. Mais qu’en est-il vraiment ? Et l’égocentrisme là-dedans ? Est-ce possible de prendre du temps pour soi ? En a-t-on le droit ? Voyons la définition de ces concepts, les différences et, concrètement, qu’est-ce que cela implique.
Égocentrique ?
Pour commencer, un peu d’étymologie : du latin, « ego » = « moi » et « centrum » = « centre », cela signifie : « se prendre pour le centre du monde ». L’égocentrisme est le fait de ramener tout à soi-même. Un égocentrique est centré sur ses propres intérêts personnels avant tout. Son avis est le plus important et il est la personne à suivre et à admirer obligatoirement. Tout se rapporte à lui-même et il pense être la première préoccupation des autres. Selon les psychologues Jean Piaget, Jacques Menestrel et David Elkind, l’égocentrisme est un passage nécessaire dans le développement psychologique de l’enfant. Au début, il ne différencie pas ce que les autres pensent de lui-même et ses propres pensées. Il n’arrive pas à s’identifier auprès des autres. Les différentes manifestations de son existence passent par l’illusion de l’invincibilité, les mensonges, la mythomanie, la justification, l’argumentation, la surestime de soi, …
Egoïste ?
Un peu d’étymologie : du latin, « ego » = « je » et « iste » = « pratiquant », cela signifie : « se soucier de soi-même ». La définition populaire propose que l’égoïsme soit le fait de privilégier son intérêt personnel au détriment de celui des autres. Il est considéré, par les religions abrahamiques, comme un défaut à bannir. N’étant pas dépendant des autres, l’égoïste prône son autonomie et son indépendance. Il est dans l’autosatisfaction de ses besoins. Selon les psychologues, comme Freud, l’égo est une partie de la personnalité qui est nécessaire pour construire son identité et son caractère. Il servira de masque et de protection pour développer son être, pour laisser ensuite la place à son caractère d’adulte.
Différence entre les deux ?
L’égocentrisme se rapproche plus de la mégalomanie (surestime de soi), de l’égotisme (parler uniquement de soi) et du narcissisme (culte de soi). L’égocentrique ne s’aime pas tel qu’il est, mais tel qu’il paraît aux autres. Sa construction psychologique est basée sur la compensation et la mise en place de béquilles psychologiques.
Il arrive aussi que l’égocentrisme soit inconscient. Vouloir aider les autres, les conseiller et les faire passer en priorité sont des signes qui indiquent, que, suite aux blessures du passé, l’esprit veut trouver une guérison à travers ces actes. Son intention est donc tournée inconsciemment, mais purement, vers soi-même.
La dérive de l’égocentrique la plus courante est de tomber dans le piège du sauveur/victime/bourreau, avec l’assistanat, le « moutonnage », la dépendance, la manipulation et, dans les cas extrêmes : pervers narcissique et violence conjugale. Pour en savoir plus, je vous renvoie vers mon article De l’amour au pervers narcissique : les manipulations affectives.
L’égoïsme se rapproche plus du solipsisme (le « soi » est la seule réalité personnelle valable), dunihilisme (chacun a son point de vue et sa propre vision) et del’individualisme (privilégier les droits individuels face à ceux du groupe). L’égoïste s’aime tel qu’il est et pas tel qu’il paraît aux autres. Il est dans l’acceptation totale de son être. En fait, plus il se respecte lui-même, plus il respectera les autres. Sa construction psychologique est saine et équilibrée.
Ils sont tous deux opposés à l’altruisme (avoir des comportements désintéressés avec les autres) et l’allocentrisme (privilégier autrui dans ses actions).
La principale différence se situe donc dans la construction de la personnalité, à travers l’estime de soi, la confiance en soi, l’amour de soi, l’image de soi et la confiance en soi. Le passage de l’égocentrique à l’égoïste, et inversement, se fait à travers les expériences et le vécu de chacun. Si un individu a beaucoup de blessures personnelles et ne prend pas le temps de s’occuper de lui-même pour les guérir, son esprit construira alors des artifices extérieurs pour maintenir un équilibre intérieur. L’individu partira plus facilement sur le chemin de l’égocentrique. Par contre, si un individu décide de guérir ses blessures, à travers un travail de connaissance de soi et de développement personnel, son esprit n’aura pas besoin de ces artifices extérieurs. L’individu partira plus facilement sur le chemin de l’égoïste.
Exercice pour être un égoïste positif, sain et équilibré :
Sortons des idées reçues, le fait de prendre soin de soi n’est pas un défaut, mais bien une nécessité qui permet de développer son propre bien-être et son propre bonheur, sans dépendance aux autres et à un système.
Changer votre personnalité :
1- Bilan : alors êtes-vous plutôt égoïste ou égocentrique ?
2- Connaissance de soi : notez sur 10 la connaissance que vous avez de vous-même (0 – pas du tout à 10 – j’ai complètement conscience de qui je suis et de comment je suis construit). Vos émotions, vos doutes, vos questions, la sensation d’avoir des comportements automatiques et incontrôlables et votre cœur, vous indiqueront la vraie note à mettre.
Comment puis-je faire confiance aux autres si je ne me fais pas confiance ? Comment puis-je être aimé si je ne m’aime pas moi-même ? Comment puis-je m’ouvrir aux autres si moi-même je ne suis pas ouvert à ma personnalité et à mon être ? Comment accepter les autres si moi-même je ne m’accepte pas ?
3- Prendre soin de soi : notez sur 10 le fait de prendre soin de vous-même. (0 – je n’ai pas le temps de prendre soin de moi à 10 – j’ai régulièrement des moments pour me mettre dans ma bulle personnelle).
Tout est question de priorité. Qui s’occupe de vous lorsque vous ne le faites pas ? A quoi cela sert-il de s’occuper de soi ? Comment puis-je être respecté si je ne me respecte pas moi-même ? Prendre soin de soi, qu’est-ce que cela veut dire ?
4- Blessures : citez 5 événements négatifs dans votre vie qui vous ont marqués. De quelle manière vous ont-ils marqués ? Qu’est-ce qui a changé dans votre vie à partir de ce moment-là ? Que ressentez-vous lorsque vous y pensez ? La personnalité est façonnée avec les événements que nous vivons au quotidien. L’esprit les classe en deux familles : les négatifs qui nous bloquent et qui limitent notre épanouissement personnel, et les positifs qui nous donnent des ailes et le sourire
5- Guérison : comme rien n’est figé chez l’être humain, il est temps de guérir vos blessures pour vous sentir mieux et apprendre à être un égoïste positif, sain et équilibré. L’astuce est que dans chaque événement de la vie, il y a toujours une leçon et un apprentissage à retirer :
a) Pensez à un événement négatif et autorisez-vous à laisser sortir toutes vos émotions intérieures. Ça peut faire peur, mais par contre, qu’est-ce que vous serez bien après !
b) Grâce à votre maturité et votre recul, vous avez un nouvel œil sur cette expérience. Est-elle vraiment négative ?
c) Et s’il y avait une leçon, qu’est-ce que ce serait pour vous ? Qu’avez-vous appris grâce à cette situation ?
d) Vous avez le droit de vous pardonner pour guérir votre plaie et tourner la page sereinement. C’est terminé, ce n’est plus un fantôme, mais juste un moyen d’être encore mieux dans votre vie
e) Profitez-en pour remettre en route des rêves et des envies : le futur est à vous !
Vous pouvez procéder de la même manière pour toutes vos blessures.
Cet exercice ne remplace pas le travail réalisé avec un professionnel. Si vous souhaitez aller plus loin, je vous renvoie vers les médecines alternatives : hypnose, sophrologie, méditation, yoga, …