Ressentir ce que l’autre ressent pour pouvoir le comprendre, être disponible, l’aider, le soutenir, l’accompagner, … L’intention est bonne, mais n’y aurait-il pas quelques précautions à prendre ? Est-il vraiment nécessaire de souffrir avec l’autre pour le comprendre et l’accompagner ? Est-il possible d’être à l’écoute de l’autre autrement ? Et si votre sensibilité était un atout ? Et si le fait de pleurer facilement devant un film était en fait une marque d’humanité et était donc positif ?  Quelles différences y-a-t-il entre être en compassion, être en empathie et être hypersensible ?

 

Compassion ?

La compassion est le fait de ressentir la souffrance de l’autre, associé à une émotion d’amour pour pousser l’autre à résoudre son problème. La connotation de ce mot, ainsi que les mots « miséricorde » et « commisération », sont très liés à la religion. En terme de construction psycho-émotionnelle, la compassion est le fait d’être en « mode éponge » par rapport à l’autre. C’est-à-dire que la personne compatissante va, en réalité, absorber le mal de l’autre pour l’aider à aller mieux. C’est généralement la première étape par laquelle passent les personnes hypersensibles. Si la construction psychologique de la personne compatissante est saine et équilibrée, cela ne posera pas trop de problème dans la mesure où elle saura évacuer ce mal. Elle utilisera sa sensibilité ou son hypersensibilité pour être encore plus à l’écoute de l’autre. Par contre, si la construction psychologique de la personne compatissante n’est pas saine et équilibrée, cela posera un problème. Elle gardera alors le mal en elle avec tous les effets négatifs que cela pourra engendrer dans son organisme (fluctuations émotionnelles, maladie, douleurs, fatigue, …). Sa sensibilité émotionnelle lui jouera des tours. Les dérives courantes seront de tomber dans les pièges du transfert psychologique et dans la dynamique sauveur/victime/bourreau.

 

Empathie et hypersensibilité ?

L’empathie est le fait de reconnaître et de comprendre les émotions et les sentiments de l’autre. La personne empathique sera appelée un « empathe ». Dans le langage courant, ce phénomène sera souvent associé au fait « de se mettre à la place de l’autre ». Les neurosciences ont découvert que ce phénomène utilisait ce que l’on appelle « les neurones miroirs ». Ils permettent de vivre et ressentir ce qui est observé comme si c’était soi-même. En terme de construction psycho-émotionnelle, l’empathie est le fait d’être en « mode ressenti » par rapport à l’autre, en utilisant sa sensibilité naturelle. C’est-à-dire que l’empathe va, en réalité, juste se connecter aux émotions de l’autre, en restant un observateur extérieur de la scène. Il n’absorbera rien. Les outils utilisés seront son intuition, son feeling et sa sensibilité ou hypersensibilité. C’est ce qui caractérise les contacts naturels entre êtres humains. Si la construction psychologique de l’empathe est saine et équilibrée, les ressentis intuitifs et émotionnels seront très clairs et très justes. Il saura faire la différence entre ses propres émotions et celles de l’autre. Il pourra donc développer une certaine sagesse dans son écoute et dans son accompagnement de l’autre. L’hypersensibilité sera un vrai atout. Par contre, si la construction psychologique de l’empathe n’est pas saine et équilibrée, il sera alors compliqué de faire la différence entre toutes les émotions perçues… L’écoute et l’accompagnement de l’autre manqueront de justesse et d’exactitude… L’hypersensibilité sera très mal vécu.  L’empathe sera noyé dans une mer émotionnelle… Les dérives courantes seront de tomber dans les pièges du jugement, du transfert psychologique et dans la dynamique sauveur/victime/bourreau.

Si vous souhaitez mieux vivre avec vos émotions, je vous renvoie vers l’article Comment gérer vos émotions ?.

 

Où en êtes-vous ?

Afin de déterminer à quel stade vous en êtes, choisissez les phrases qui sont les plus justes pour vous et répondez aux questions suivantes, en étant le plus honnête possible avec vous-même :

Compassion :

« Je suis une vraie éponge émotionnelle, je me sens vidé, je ne peux pas m’empêcher de me mettre à la place des autres, j’ai envie de les aider, je suis à fleur de peau, un rien me touche et surtout la douleur des autres »

Questions : cela vous convient-il ? Arrivez-vous à faire la différence entre vos propres émotions et celles des autres ? Arrivez-vous à vous respecter vous-même ? Serait-il possible pour vous de lâcher-prise sur les autres ? Prenez-vous soin de vous ? Prenez-vous du recul en étant dans l’instant présent ? Avez-vous confiance en vous-même ? Faites-vous du développement personnel ?

 

Empathie :

« Je ressens ce que l’autre vit, je me respecte tout le temps, je sais dire Non et Stop, je gère mes émotions, je sais me couper des autres si nécessaire, je sais me protéger en cas de besoin, je sais écouter les autres sans me laisser noyer dans les émotions et les énergies négatives »

Questions : cela vous convient-il ? Prenez-vous assez de temps pour vous-même ? Connaissez-vous l’ancrage (l’équilibre énergétique et émotionnel) ? Arrivez-vous à être un égoïste positif (savoir se respecter soi-même pour mieux respecter l’autre) ? Connaissez-vous vos faiblesses ?

 

Comment être empathique grâce à votre hypersensibilité ?

Pour être dans l’empathie avec quelqu’un, en utilisant votre sensibilité, il suffit de respecter les étapes suivantes :

1- Ancrage : pour rester à l’écoute de soi et se protéger de l’autre, il est indispensable de faire ce que l’on appelle « l’ancrage ». Il s’agit d’apprendre à être centré dans votre être et à l’écoute de vous-même. Pour apprendre cette méthode, je vous renvoie vers l’article L’ancrage

2- Centrage : fermez les yeux et faites une respiration abdominale, en vous concentrant sur votre ventre. C’est le centre émotionnel et énergétique de votre être. A chaque expiration, ressentez un bien-être intérieur qui se met en place

3- Ouverture du cœur : gardez les yeux fermés et concentrez-vous sur votre cœur physique. Ecoutez-le et percevez ses battements. Ouvrez-le pour ressentir l’amour qui circule à l’intérieur de lui. Votre sensibilité ou hypersensibilité est très utile pour cette étape.

4- Ouverture à l’autre : ouvrez les yeux et concentrez-vous sur l’autre. Grâce à votre sensibilité, vous allez pouvoir faire le tri entre vos émotions et celles de l’autre. Ca y est, vous êtes en empathie avec l’autre

5- Fermeture et centrage : lorsque vous avez terminé votre échange avec l’autre, vous pouvez, de nouveau, fermer les yeux et vous concentrer sur votre cœur. Ecoutez de nouveau ce qui se passe en vous. Refaites un ancrage pour vous déconnecter complètement de l’autre. Prenez quelques respirations pour vous ressourcer et rouvrez les yeux. Tout va bien ! Bravo !

 

Bien entendu, cet exercice demande de la pratique. Plus votre connaissance de vous-même sera fine, plus il vous sera facile d’être en empathie. Rassurez-vous ! Tous les êtres humains sont câblés naturellement pour le faire. Regardez les enfants, ils le font automatiquement. Avec de la régularité et de la patience, d’ici un bon mois de pratique, vous verrez déjà des changements positifs et une meilleure sensibilité de votre part.